J'ai tué ma Maman : Merci à Valda pour sa réaction

En réponse à des articles parus sur Le Post :

- Témoignage : J'ai tué ma Maman. Alors oui, je suis pour l'euthanasie
- ET SI C' ETAIT CA, L'AMOUR......

Chère Valda,

Ton dernier post ne mérite pas un commentaire, mais bien un post en réaction.

Merci tout d'abord pour ta réaction, emplie de sensibilité et visiblement de "vécu". Il me faut rappeler à nos lécteurs que mon témoignage initial n'est qu'un élément parmi des milliers d'autres, et surtout qu'il faut le replacer dans le contexte de l'époque : 1992.
   
Que les jeunes femmes (ou moins jeunes) confrontées à cette problématique de "cancer du sein" n'en tirent aucune conclusion hâtive quant à leur "chance de survie" (en langage pro et statisticien, on appelle cela le "taux de rémisssion"). Il y a eu depuis cette date de nombreuses avancées, tant dans le diagnostic précoce que dans les thérapeutiques récentes , ces dernières années, réduisant d'autant la mortalité de cette forme de cancer, l'un des plus fréquents chez la femme mais aussi l'un de ceux où les taux de survie sont les plus significatifs.

Mon article n'avait donc pas pour objet de semer le désarroi sur telle ou telle autre pathologie, mais bien de mettre en avant les difficultés, ET SURTOUT L'ISOLEMENT, voire l'abandon des familles confrontées à de telles extrémités lourdes de conséquences.

Forcément, mon témoignage était basé sur mon vécu, mais il aurait sans doute la même valeur pédagogique ou pour le moins le même fondement réfléxtif sur d'autres maladies.

Mon exercice professionnel m'a amené à rencontrer de TRES NOMBREUSES familles de toutes origines, de toutes cultures, de toutes confessions confrontées à la mort imminente d'un proche. Si chaque individu est un cas particulier, la problématique récurrente est l'isolement dont ces proches sont l'objet. Je dirais même leur total abandon face à une fin inéluctablement annoncée.

Les soins paliatifs ont apporté, trés récemment, une partie de la solution.

Une partie seulement ! Car les familles de ces patients n'ont aucun soutien technique (même les professionnels de santé sont dépassés, car eux-même très souvent isolés), aucun soutien psychologique (c'est une période douloureuse) et aucun soutien social (s'occuper d'un proche en fin de vie représente du temps pour une prise en charge de qualité).

Au delà de la "simple" question de l'euthanasie qui, à mon sens doit être légalisée lorsque toutes les autres options ont été épuisées (sur un plan strict de la science), il est évident que si les malades et AUSSI leurs familles étaient mieux accompagnées, il est probable que cette solution ultime aurait un impact médiatique moindre.

Ce n'est ici qu'un problème de moyens financiers, de moyens humains, que la société accepte de consacrer à ces fins de vie.

Depuis 1992, la science, la connaissance a progressé. Pour ne parler que du seul Sida, à la même période, le taux de survie était extrêmement court avec des perfusions de Foscavir®. Aujourd'hui, la multi-thérapie orale (donc autonome) a prolongé cette durée de survie : De quelque mois dans les années 90 à 15 ans actuellement. Beau succès médical, scientifique.
      
Il n'en reste pas moins qu'un jour, comme pour tout un chacun, l'inéluctable apparait. Et je fais partie de ces personnes qui estiment avoir le droit de choisir, soit de combattre en se sachant vaincu, soit de s'offrir une fin de vie digne.

La dignité humaine est donc bien le centre de ce débat.

Que la Loi laisse le choix à chacun, dès lors qu'il peut l'exprimer clairement, volontairement et sans contrainte, de finir sa vie comme il le souhaite.

Et pour ceux qui ne peuvent plus s'exprimer, que la Loi prévoit un collectif d'experts (et pas seulement du corps médical !) qui permette de se substituer à la volonté du futur défunt.

Aurait-on aujourd'hui plus de compassion pour son chien que pour l'un de ses Parents ?

Fermer les yeux n'évite pas le danger.

Que les politiques éludent ce problème n'empêche pas les gens de mourir. Qu'il soit permis aux plus vulnérables d'entre-eux de nous quitter DIGNEMENT.

Aux Français de le décider. Cette thématique mérite un véritable référendum

Bien à vous tous.

Jean-Emmanuel NICOLAU-BERGERET
Cet article n'engage que l'opinion de son auteur
© 22 novembre 2009 - JENB PRODUCTIONS


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