Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE VIDEO-BLOG DE JENB PRODUCTIONS
Derniers commentaires
LE VIDEO-BLOG DE JENB PRODUCTIONS
15 décembre 2009

Le démantèlement de la Police Nationale (Dossier spécial sécurite publique à Noisy-le-Sec - partie n°3)

                                       Partie 1 (cliquez ici)

           Présentation du dossier - Rappel de quelques dates importantes

                                      Partie 2 (cliquez ici)

                Présentation de la soirée débat par Anne Déo (Les Verts)


                                Partie 3
         le démantèlement de la Police Nationale


Après l'introduction faite par Anne Déo (Les Verts), c'est Monsieur Pierre Marco, Secrétaire régional Ile-de-France de l'UNSA Police qui prend la parole. Il est Commandant de Police et syndicaliste.

Délinquance en hausse, mais 10.000 policiers de moins

« Le problème du sécuritaire est d'abord un enjeu politique. Il ne faut pas se leurrer, les dernières élections présidentielles l'ont bien démontré. On a changé de culture. On est passé, et c'est sans doute le pire quant on est citoyen ou policier, à une culture du résultat. La culture du résultat engendre beaucoup de pression sur les policiers. Vous l'avez vu la semaine dernière, certains policiers sont descendus dans la rue pour se plaindre de la culture chiffre, la culture du résultat. Cà engendre également beaucoup de conséquences négatives pour le citoyen (...).

Les chiffres de la délinquance sont en hausse. La R.G.P.P. (Réforme Générale des Politiques Publiques) qui va diminuer notamment les effectifs policiers de 10.000 fonctionnaires. Et on nous demande de faire encore plus de résultats. Faire du résultat, çà peut, pour un ministre, se chiffrer par exemple,  à 28.000 reconduites à la frontière. Donc çà va engager les policiers à faire quoi ? Faut pas se leurrer : Du contrôle au faciès. Malheureusement. Ce n'est pas réaliste. Le fait de se présenter comme çà en tant que policier, çà nous coupe du contact avec la société, çà nous donne un rôle uniquement répressif, et çà va engendrer quoi ? Car bien souvent les gens qui sont contrôlés sont titulaires de la carte  d'identité nationale française, alors si vous êtes contrôlé une fois, çà va; Dix fois dans le mois, cela fait beaucoup, et donc çà engendre des communautarismes malheureusement.

La cuture du chiffre

Et c'est un peu vers cette police là que l'on est en train de tendre. Mais j'espère qu'avec l'aide de beaucoup de gens et la conscience de policiers républicains on va pouvoir sortir un peu de cette spirale.

La police, c'est une multitude de choses. Ce n'est pas uniquement la sécurité publique. La police, c'est tout se qui concoure au sécuritaire. Or, on est entré depuis quelques années sur un déclin, car l'état veut se désengager de ses fonctions régaliennes, et notamment on est en train de démanteler petit à petit les services publics dont fait parti la police, qui devrait être police nationale sur l'ensemble du territoire, et qui de plus en plus, par la baisse d'effectifs, par le non renouvellement des départs à la retraite, par rapport aux problèmes éventuellement de commissariats dans les villes, vous l'avez dit tout à l'heure, on se désengage pour laisser de plus en plus la place soit à des polices municipales, donc à la solde d'un maire, soit à des société privées, qui concourrons à ces missions de sécurité. Il ne faut pas rêver, la police nationale doit répondre d'abord à quels critères ?

Quand vous êtes policier, vous devez répondre souvent à de l'évènementiel. Vous pouvez prévenir éventuellement si vous avez des informations, mais vous devez intervenir quand il y a des risques, et surtout quand la loi nous le permet. La loi nous le permet quand il y a matérialité des faits, quand on constate effectivement que les faits ont été commis, qui sont punis par le code de procédure pénale, et quand il y a eu l'intention de les commettre. Et malheureusement, ces trois éléments ne sont pas toujours pris en compte.

La police nationale a aussi des excuses, car ce n'est pas une police qui est vieille. Il faut le savoir, c'est une police qui date de 1941, (...) qui a été transformée petit à petit, ce qui intéresse principalement nos politiques : Le Ministère de l'intérieur est principalement interressé par l'ordre public, la protection des institutions, mais le reste, après, c'est vrai qu'on s'en désintéresse un petit peu.

Il n'y a plus d'humain

Ce que l'on peut tirer comme analyse de tout cela, avec ce type de manoeuvre, la police se coupe de plus en plus du lien avec la population. Il n'y a plus de dispositif de proximité, parce qu'il n'y a pas d'effectifs suffisants. Tout ce qui est proximité, on l'a vu  avec la réforme Chevenement, qui a été un échec non pas parce qu'on a voulu aller trop vite, on n'a pas suffisament expérimenté, mais surtout on n'avait pas le nombre d'hommes adéquat. A partir de là, on se base sur quoi ? On est jugé sur un taux d'élucidations, on est jugé sur un taux d'interpellations,...

Evidemment, quand on vous parle chiffres, on ne vous parle pas d'humain. On ne vous regarde plus en fonction de la loi, nous on est là pour faire du chiffre (...) On n'est quasiment plus dans une police de droit. Mais pourtant les faits sont là : Quand les policiers interpellent, c'est vrai qu'il y a motif à interpeller, mais peut-être que la manière dont elle est faite n'est pas toute a fait légale (...). »

Et d'évoquer les victimes de dégradations, de cambriolages, ... « (...) La victime le ressent réèllement comme une agression, et c'est un viol quasiment de la personne, vous n'êtes plus bien psychologiquement, vous êtes vraiment traumatisés. Il y a des efforts qui ont été faits, il faut le dire, au niveau de l'accueil, peut-être pas suffisamment au niveau du suivi de la plainte, mais il faut dire aussi que, souvent et malheureusement, la police nationale traite beaucoup de dossiers qui ne la concerne pas. (...) parce que bien souvent les gens viennent déposer plainte non pas parce qu'ils ont été victime d'un vol, pas pour le retrouver, mais simplement pour aller déposer auprès de l'assurance. Alors quasiment, on travaille à 80% pour les assurances (...)

La police nationale, notamment au niveau de la sécurité publique, ne fait pas que gêrer les petits bobos au quotiden. elle s'occupe aussi de toutes les affaires de renseignements, la police de l'air et des frontières, les CRS au niveau du maintien de l'ordre, c'est aussi l'hygiène et la sécurité, des services vétérinaires, c'est un panel de métiers extraordinaires. (...)


Et de poursuivre sur la communication : « (...) Le citoyen en a ral-le bol, car il s'apperçoit que tout ce qui lui donné au niveau des chiffres et des statistiques, tout est faussé. On est dans un jeu du mensonge. dernier éxemple en date : Le ministre qui a dit je recrute 11.000 fonctionnaires de police, mais il n'a pas dit combien de fonctionnaires partaient à la retraite. Donc vous vous retrouvez avec 4.000 policiers de moins.(...)

Société de consommation et crise sociale

« Par ailleurs, il faut aussi souligner que le travail de la police est pas mal perturbé par les troubles du voisinage. (...) et tout se qui se passe devient de plus en plus agressif. C'est plus une atteinte à la personne qu'aux biens. Pourquoi il y a un nouveau regard ? Parce qu'il y a plus de violence. Les gens sont maintenant touchés dans leur chair.(...).

Pourquoi il y a une évolution de la délinquance ? Depuis les années 60/64, où là il n'y avait pas encore trop de crise économique, où les chiffres ont commencé à monter et parce que on est entré dans une société de consommation. Et je crois que c'est plus la société de consommation qui a engendré des actes de violence que uniquement le phénomène social. (...) Mais la crise sociale va engendrer de nouveaux troubles, parce qu'à un certain moment, quand vous n' avez plus rien... Là, on a encore des amortisseurs sociaux qui permettent encore d'atténuer, mais on ne sait pas pour combien de temps. Mais si on ne résoud pas le problème social, je crois que l'on va vers de gros, gros problèmes. (...).»

Et l'orateur de poursuivre en donnant un avis négatif sur la restructuration hiérarchique, avec fusion de services. « (... ) La police de proximité a été balayée d'un revers, parce que ce n'était plus le but (...) », revenant sur les propos de Nicolas Sarkozy qui avait critiqué les matchs de foot policiers/ados.

« (...)  On avait une autre approche de la police (...) » regrette-t-il.

Autre exemple. « (...) Actuellement on est en train de démanteler les CRS. Évidemment, on voit tout de suite le maintien de l'ordre, la matraque, mais sachez que les CRS ont été crées en 1946, et tiennent  à leur appélation (...) Ce sont des gens qui ont été capables de faire du social dans la police, (...) et se sont des gens bien souvent ancrés à gauche. c'est paradoxal, le syndicat majoritaire des CRS est un syndicat qui est progressiste, qui se bat pour les valeurs républicaines, et qui est ancré principalement sur ces valeurs là (...) » rappelant leur présence en matière de sauvetages (mer, montagne) dont ces missions sont en cours de suppréssion.

Et de citer également les initiatives prises par des policiers du RAID en faveur de jeunes en difficulté avec les "Raids Aventures" en Essonne.

Et de poursuivre : « (...) Moi j'ai un peu peur que, notamment cette culture du résultat, on va voir quoi ? On nombre de PV en hausse, (...) et c'est toute la chaine sécuritaire qui est un peu touchée. (...) » tout en soulignant l'importance des magistrats pour veiller au bon déroulement des procédures.

Dans un prochain article, nous aborderons l'intervention de monsieur Bonduelle, du syndicat de la magistrature : "La justice est-elle trop laxiste ?"

A suivre.

Jean-Emmanuel NICOLAU-BERGERET
Cet article n'engage que l'opinion de son Auteur
© 15 Décembre 2009 -
JENB PRODUCTIONS

à Lire également sur nos pages :

L'actualité de Noisy-le-Sec
Toutes nos archives classées.

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
LE VIDEO-BLOG DE JENB PRODUCTIONS
Archives
Publicité