Témoignage sur place - Au coeur d'une Cour d'Assises : Le meurtre de Prince Tamukwo

Retour dans notre Cour d'Assises n°1 au Tribunal de Grande Instance (T.G.I.) de Bobigny en Seine-Saint-Denis, où se déroule le procès de Méhdi Baadache, meurtier présumé de Prince Tamukwo, tué par balle en plein après-midi sur la place de la gare à Noisy-le-Sec le 18 mai 2007. Je vous invite à lire préalablement les faits , la personnalité de l'accusé , et les premiers incidents à la gare.

Il s'écoule environ 40 minutes entre les regroupements à Mermoz et le retour de l'accusé à la gare accompagné de plusieurs copains à bord de trois voitures. Gare où, le groupe de Noirs était retourné puis partiellement dispersé. Il n'y a pas de réel affrontement mais plutôt des échanges verbaux qui tournent courts quand les copains de l'accusé finissent par apprendre qu'il ne s'agit que d'une vulgaire histoire de clope.

40 minutes dont finallement on ne sait pas grand chose.

Quoi qu'il en soit le groupe de la Boissière commence à se disperser, à l'exception de l'accusé que tout le monde perd de vue.

C'est le moment où arrive Prince. Il doit rejoindre sa petite amie, Lola (partie civile), avec laquelle il a une relation stable depuis trois ans. Il n'est absolument au courant de rien et n' a pas assisté aux premiers évènements.

Alors que c'est le moment de la dispersion des "grands", des "petits" de chaque cité se prennent encore la tête de l'autre coté de la gare. D'un caractère conciliant et connaissant un peu tout le monde, il traverse la place avec trois ou quatre amis pour pacifier les choses.

C'est alors qu'éclatent, selon les témoins, deux ou trois coups de feu suivis, quelques secondes plus tard d'un rafale. Prince s'écroule, mortellement blessé d'un fragment de balle de 7,62 d'origine yougoslave tirée d'une kalachnikov qui n'a jamais été retrouvée.

On retrouve également deux impacts dans la façade d'un commerce situé dans l'axe de tir du tireur et du groupe où se trouvait la victime, impacts situés à environ deux mètres de hauteur (presqu'à hauteur d'homme)

Au total, ce sont huit douilles percutées qui seront retrouvées dans un périmètre très restreint qui permet de positionner le tireur. Ce dernier s'enfuit à bord d'une petite camionnette blanche avec un conducteur et un passager arrière.

Il disparait dans la nature, puis s'enfuit en Espagne où il sera interpellé un mois plus tard.

La description des lésions trouvées à l'autopsie permet de situer l'entrée du fragment de balle (en fait le noyau)  en région abdominale gauche, à 109 cms de la plante des pieds, du bas vers le haut et d'avant vers l'arrière. Les lésions intra abdominales sont très hémorragiques et le projectile à terminé sa course dans la colonne vertébrale.

Cette expertise est capitale pour Me Eric Dupond-Moretti, car cela prouve de façon incontestable que le projectile venait du bas et donc que le tireur avait obligatoirement le canon dirigé vers le bas, pour ce tir mortel du moins, que la balle tirée à ricoché sur le sol, qu'elle s'est alors fragmentée, le noyau atteignant la victime. Pour le défense s'est donc formel : l'accusé n'avait pas l'intention de tuer. Il plaide l'homicide involontaire.



Vu du coté de Me Françoise Mothes, Avocat général, la volonté de tuer est indiscutable : il a d'abord été tiré trois coups de feu en mode coup par coup, en direction du groupe, puis manipulation du sélecteur pour passer en mode rafale, puis le tir d'une rafale de cinq cartouches, ce qui exclut un tir accidentel. Elle réquiert 20 ans de réclusion pour homocide volontaire.

Mais ce procès va à mon sens apporter des déceptions. Mais ce n'est là qu'un avis très personnel, une intime conviction comme il est d'usage de dire.

à suivre.

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Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
28 mai 2010 - © JENB PRODUCTIONS

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